Savoir calculer un seuil de rentabilité est élémentaire pour gérer une entreprise. Le seuil de rentabilité permet en effet de déterminer le niveau d’activité nécessaire pour commencer à réaliser des bénéfices. En connaissant leur seuil de rentabilité, les entreprises peuvent donc prendre des décisions mieux éclairées en matière d’investissement ou de prix de vente.
Distinguer ses charges fixes de ses charges variables
En vue de calculer un seuil de rentabilité, il est d’abord impératif de distinguer ses charges fixes de ses charges variables, ainsi que de pouvoir les estimer.
Les charges fixes
Les charges fixes sont les dépenses nécessaires au fonctionnement de l’entreprise, dont le montant ne varie pas en fonction de votre niveau d’activité. En d’autres termes, quel que soit votre volume de production, vous devez les assumer. Parmi les charges fixes classiques, on retrouve notamment :
- Les loyers payés pour le bail de vos de locaux professionnels ;
- le salaire des contractuels, hors primes ou résultats ;
- les amortissements ;
- les impôts fonciers.
Les charges variables
À l’inverse des charges fixes, les charges variables sont toutes les charges dont le montant peut osciller en fonction de vos volumes d’affaires ou de production. Parmi les charges variables, on peut retrouver :
- Les matières premières nécessaires à la production ;
- les frais de transport et de livraison ;
- les coûts de publicité et de promotion ;
- les contrats occasionnels avec des prestataires.
Par exemple, dans un restaurant, le loyer des locaux, le salaire des serveurs et des cuisiniers, ainsi que l’amortissement des réfrigérateurs représentent des charges fixes. Au contraire, les bouteilles de vin et les ingrédients achetés pour cuisiner font partie des charges variables.
Il faut savoir qu’on reconnaît également une catégorie intermédiaire : les charges semi-variables. Entrent par exemple dans cette catégorie certains salaires (déterminés par une clause de rémunération variable) ainsi que certains contrats de télécommunication ou d’électricité.
Dresser son tableau d’analyse différentielle
Le tableau d’analyse différentielle est un outil financier souvent utilisé en gestion pour faciliter la prise de décision stratégique. D’un point de vue méthodologique, dresser d’abord un tableau d’analyse différentielle facilite dans un second temps le calcul et l’utilisation du seuil de rentabilité.
Un tableau d’analyse différentielle classique présente cinq entrées : chiffre d’affaires, charges variables, marges sur couts variables, charges fixes et résultat. Puisque le calcul des charges variables et des charges fixes a été évoqué en section précédente, il convient désormais de détailler celui de la marge sur cout variable, ainsi que celui du résultat.
Pour rappel, le chiffre d’affaires, quant à lui, est en fait simplement la somme de toutes les ventes réalisées pendant la période.
Calculer votre marge sur cout variable
Pour calculer votre marge sur cout variable, il suffit de soustraire à votre chiffre d’affaires l’ensemble vos charges variables, ce qui donne la formule suivante :
Marge sur coût variable = Chiffre d’affaires – Total des charges variables |
Comme le seuil de rentabilité, la marge sur coût variable est un indicateur important pour évaluer la viabilité de votre entreprise. Si la marge sur coût variable est élevée, cela signifie que votre entreprise génère suffisamment de bénéfices pour couvrir ses coûts fixes et pour générer des bénéfices. Au contraire, si votre marge sur coût variable est faible, cela signifie que votre entreprise doit augmenter ses ventes ou réduire ses charges variables pour améliorer sa rentabilité.
Au fait : comment compter les charges semi-variables ?
Pour être intégrée à votre tableau, chacune de vos charges semi-variables doit tout simplement être séparée. Et chaque partie doit être comptée respectivement comme une charge fixe et comme une charge variable.
Par exemple, supposons qu’un restaurant ait des frais d’entretien liés à sa machine à glace qui comprennent une partie fixe de 500 euros par mois pour l’entretien régulier, et une partie variable de 1 euro par litre de glace produit. Si 750 litres de glace ont été vendus, la charge semi-variable est de 1 250 €. Mais dans votre tableau, il faut compter 750 € de charge variable (1 €/litre de glace) et 500 € de charge fixe.
Calculer votre résultat
Quant à lui, le résultat se calcule de la façon suivante :
Résultat = Chiffre d’affaires – Coûts fixes – Coûts variables |
Le résultat est donc ce qu’il reste du chiffre d’affaires à l’entreprise après avoir déduit l’ensemble de ses coûts (à la fois fixes et variables). Si le résultat est positif, cela signifie que l’entreprise réalise des bénéfices. Si le résultat est négatif, cela signifie que l’entreprise subit des pertes.
Connaître le résultat n’est pas absolument nécessaire pour calculer un seuil de rentabilité. Cependant, comme ce sera montré en dernière partie, le seuil de rentabilité peut être regardé à l’aune du résultat pour tirer des conclusions importantes sur la santé de l’entreprise. De même, le résultat est utile pour calculer plusieurs indicateurs importants pouvant compléter le seuil de rentabilité, comme le levier opérationnel.
Appliquer la bonne formule pour finir de calculer votre seuil de rentabilité
Une fois votre tableau d’analyse différentielle terminé, vous avez toutes les clefs en main pour calculer votre seuil de rentabilité. Il vous suffit d’appliquer la formule suivante :
Seuil de rentabilité = (Chiffre d’affaires x Charges fixes)/Marge sur couts variables |
Le résultat obtenu est exprimé en euros. Par exemple, supposons qu’un restaurant ait, sur une période d’un an, 100 000 € de charges fixes, pour 65 000 € de charges variables. Son chiffre d’affaires est quant à lui de 300 000 €. On calcule d’abord sa marge sur couts variables, avec la formule donnée en section précédente :
Marge sur coût variable = Chiffre d’affaires – Coûts variables totaux
300 000 – 65 000 = 235 000€
On peut ensuite en déduire son seuil de rentabilité, qui est de 127 659 €. Voici l’application de la formule :
(300 000 x 100 000)/235 000 = 127 659 €.
À quoi sert exactement le calcul du seuil de rentabilité ?
Le seuil de rentabilité, c’est le montant exact de chiffre d’affaires à partir duquel l’entreprise commence à faire des bénéfices.
Pour reprendre l’exemple de notre restaurant, avec un seuil de rentabilité de 127 659 €, ce dernier commence à faire des bénéfices à partir de 127 660 €. Sinon, il est en perte. Autrement dit, dans le premier cas, le résultat est positif, dans le second négatif.
En soi, connaître votre seuil de rentabilité permet déjà de fixer des objectifs concrets. De plus, le seuil de rentabilité permet de déterminer deux indicateurs essentiels : le point mort et la marge de sécurité.
Le point mort est la date à partir de laquelle une entreprise peut espérer dépasser son seuil de rentabilité, sur une année. La marge de sécurité, quant à elle, se calcule par différence entre le chiffre d’affaires de l’année et le seuil de rentabilité. Avec l’indice de sécurité, elle permet d’estimer le risque que court l’entreprise de voir sa situation se retourner et son résultat passer en négatif sur l’année suivante.
Besoin de plus de détails sur la façon de gérer votre entreprise ? Nos experts sont là pour vous aider. N’hésitez pas à nous contacter pour échanger sur votre situation et sur vos besoins spécifiques.